Quand on est parent, on sait pertinemment que nos enfants feront des bêtises tôt ou tard. Et commencer la cigarette en est une… Vous avez donc découvert un briquet en lavant le linge, deviné la forme d’un paquet de cigarettes dans sa poche, ou détecté une odeur suspecte dans la chambre de votre ado. Il vous avoue qu’il fume. Et maintenant ?
Le tabac est toujours la première cause de décès évitable en France.
Le dialogue avant la punition
Même si vous avez envie de lui hurler qu’il est idiot, ce n’est pas forcément l’approche la plus adaptée. Si en plus vous et votre conjoint(e) êtes non-fumeurs, vous risquez d’être dans l’incompréhension totale. Un peu de diplomatie et de communication vont donc s’avérer intéressantes. On sait que l’adolescence est une période pendant laquelle dialoguer équivaut à marcher sur des œufs, aussi va-t-il falloir faire preuve de tact.
D’abord, essayez de voir quelles sont ses habitudes de consommation, si c’est vraiment une habitude qu’il a prise, ou si c’est occasionnel (en soirée par exemple), de savoir quel est le nombre de cigarettes fumées par jour ou par semaine…
Ensuite, voyez s’il est influencé : « Mais tous mes copains fument ». Soyez en ce cas indulgent. Même si ce n’est pas intelligent, la cigarette reste malheureusement un élément de sociabilisation. Les adultes fumeurs aussi se retrouvent parfois entre collègues autour d’une « pause clope » qui favorise les contacts (« Tu aurais un briquet ? ») et discussions. Les amis de votre ado, s’ils fument, ne sont pas forcément de mauvaises fréquentations. Cependant, s’ils incitent votre enfant à s’y mettre, c’est autre chose.
Essayez de parler à votre fils ou votre fille comme à un adulte. Il pense se comporter comme tel, l’infantiliser risquerait de le braquer encore plus. Demandez-lui s’il comptait arrêter la cigarette, s’il a besoin de votre aide pour le sevrage, ou de l’aide d’une tierce personne.
Rien ne vous empêche toutefois d’appliquer une punition pour marquer votre profond désaccord avec cette pratique.
Evitez le bla-bla inefficace
Ne sur-réagissez donc pas non plus. Certaines expériences doivent être faites, et fumer sa première cigarette en fait partie. Une longue leçon de morale aura une efficacité proche de zéro. Au mieux, vous risquez d’avoir des yeux au ciel…
Clairement, la santé n’est pas l’argument majeur pour lui faire comprendre que fumer n’est pas une bonne chose. Votre adolescent ne se sent absolument pas concerné par le risque d’infarctus ou le cancer du poumon qui mettra des années à se développer. Vous pouvez toujours lui montrer quelques images, mais si celles des paquets de cigarettes n’ont pas été efficaces, pourquoi les vôtres le seraient-elles …
Inutile également de lui parler de la dépendance au tabac qu’occasionne la nicotine : il vous rétorquera à coup sûr que, de toute façon, il n’est « pas accro », et qu’il « arrête quand il veut ». Les ados sont persuadés d’avoir la maîtrise d’eux-mêmes : à nouveau, ne vous moquez pas, ne partez pas au conflit sur ce sujet. C’est une bataille perdue d’avance, alors si vous connaissez d’anciens fumeurs, pas la peine donc de leur demander de lui faire la leçon sur le sujet.
Si vous êtes vous-même fumeur, vous serez forcément moins crédible. Vous pouvez tenter l’auto-flagellation : « J’ai été bête de commencer, ne refais pas la même erreur, sois plus intelligent que moi… », voire la psychologie inversée : « Tu imites tes vieux parents ringards, quelle bonne idée ! » (Quel que soit votre âge, pour lui, à un certain stade, vous êtes forcément vieux et ringard). Pour plus de conseils face à un ado rebelle, lisez cet article sur comment réagir face à un ado insolent.
Les arguments auxquels votre ado est sensible
Les maladies graves peuvent mettre du temps à apparaître, et donc ont un impact très limité sur les jeunes. Ils vivent l’instant présent, et le reste, on verra plus tard. Vous pouvez alors évoquer avec votre enfant les effets et dégâts immédiats que vont lui causer son addiction.
Déjà, la cigarette coûte cher : demandez-lui s’il ne préférerait pas se payer un jeu vidéo avec tout cet argent, ou des vêtements de marque … Faites le compte avec lui : il ne se rend peut-être même pas compte du budget qu’il y consacre ! Faites-lui également savoir que la hausse des prix est continue et que les prix vont bien continuer à augmenter. D’autre part, s’il a un petit côté révolutionnaire et « rebelle de la société », dites-lui que 80% du prix du paquet partent en impôts pour l’État ! Veut-il vraiment contribuer à enrichir le système ?
Vous pouvez également lui parler de sa côte de séduction qui va prendre un coup : les dents jaunes et l’haleine de fumeur, ce n’est pas très sexy ! Il aura aussi les doigts jaunes, le teint terne, le souffle plus court…
Pour un jeune homme, car c’est un sujet sur lequel ils sont plus sensibles que ces demoiselles, vous pouvez également l’informer que sa libido peut en pâtir, et selon le nombre de cigarettes fumées, qu’il peut carrément devenir impuissant ! Menace suprême à cet âge…
Enfin, un grand nombre de fumeurs sont passés à la cigarette électronique. Est-ce vraiment un bon conseil ? D’une part, on ne connaît pas encore les effets à long terme des produits la composant, et d’autre part, ça reste un objet addictif qui peut toujours créer cette sensation de manque, qui rend nerveux inutilement. Bien entendu, les réactions de chaque ado seront différentes selon son caractère. Sans dramatiser ce qui n’est peut-être qu’une passade, il faut pourtant réagir, car un adolescent tombe beaucoup plus vite dans la dépendance au tabagisme que ne le ferait un adulte.